Sécurité de l'eau et changements climatiques: la région MENA est-elle sérieusement menacée?
Gouvernance des eaux souterraines dans le monde arabe
La sécurité de l'eau et les changements climatiques feront l'objet d'une conférence internationale importante (WSCC 2017) qui aura lieu à Cologne (Allemagne), du 18 au 21 septembre 2017. Réussir à préserver la sécurité de l'eau est l'un des principaux défis auxquels font face les sociétés. Les accords internationaux récents tels que les Objectifs de développement durable, l’Accord de Paris sur les changements climatiques et le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe traitent essentiellement des questions de sécurité de l'eau.
Faits alarmants sur la pénurie d'eau dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Les ressources en eau douce dans la région sont parmi les plus faibles au monde, et selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), elles ont diminué de deux tiers au cours des 40 dernières années et devraient décliner de plus de 50% d'ici 2050. La pénurie d'eau devrait s'intensifier à cause des changements climatiques: pour chaque degré de réchauffement climatique, 7% de la population mondiale devra faire face à une diminution de 20% ou plus des ressources en eau renouvelables. Dans la région, environ 90% des terres se trouvent dans les zones arides et sèches, tandis que l'agriculture utilise approximativement 85% de la totalité de l'eau douce disponible. Le Partenariat mondial de l’eau (GWP en anglais), un réseau d'action international, considère que la région est menacée du fait des liens dangereux entre les problèmes d’eau, l'emploi et les migrations et les risques socio-politiques, économiques et environnementaux qui y sont associés.
Le problème épineux de la gestion des eaux souterraines dans la région. Une évaluation de la gouvernance des eaux souterraines dans le monde arabe faite par l'International Water Management Institute (IWMI), a révélé que les outils actuels de régulation et de gestion des ressources en eau dans la région MENA rencontrent plusieurs problèmes.Une question centrale vient du fait que les usagers sont nombreux et dispersés dans des pays comme le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et le Liban disposant chacun de 100 000 à 200 000 puits. Les agriculteurs sont connus pour manipuler les compteurs d'eaux souterraines ou dissimuler les puits illégaux. De nombreux puits ne sont pas officiellement recensés et les agriculteurs peuvent esquiver l'autorisation requise pour extraire de l’eau. Un autre problème important vient des intérêts de l'agriculture à grande échelle qui a principalement fait pression contre l'adoption de lois contraignantes et contre l'application de la réglementation en ce qui concerne l’eau. C'est le cas, par exemple, de la Jordanie, où la zone humide d'Azraq a perdu 90% de sa superficie naturellement inondée entre les années 70 et le milieu des années 90 à cause de l'expansion de l'agriculture, et du Maroc où l’extraction globale annuelle d’eaux souterraines dépasse le milliard de m3..
Pour en savoir plus: Sécurité de l’eau et Conférence sur les changements climatiques | Brochure de la FAO sur l’Initiative régionale sur la raréfaction des ressources en eau au Proche-Orient et l’Afrique du Nord | Partenariat mondial de l’eau -(GWP) Med | Initiative pour des solutions de gestion des eaux souterraines destinées aux politiques et aux pratiques (GRIPP) | Deuxième congrès annuel sur «l’eau au Moyen-Orient et en Israël » | Gérer les eaux souterraines en période d’incertitude climatique