L'Égypte met au point un biocarburant expérimental pour moteurs à réaction
Le Centre de recherche national égyptien a annoncé produire et avoir testé avec succès un biocarburant capable de propulser des avions. L'aviation commerciale produit environ 2 % des émissions annuelles de dioxyde de carbone à l'échelle mondiale. L'Association du transport aérien internationalvise à réduire ces émissions de moitié d'ici à 2050. Le biocarburant égyptien a été fabriqué à partir des graines oléagineuses de l'arbre jatropha. Il a été transformé pour les moteurs à réaction à l'aide d'un procédé de craquage thermique et d'additifs chimiques qui permettent d'optimiser sa viscosité et son degré de combustion tout en réduisant le point de congélation du carburant qui doit au minimum être à moins 45°C. Le jatropha se cultive déjà en Haute-Égypte et le succès des expérimentations sur la production de ce biocarburant entrainera certainement son expansion. Khaled Fouad, ingénieur aéronautique de l'université de Zagazig en Égypte, a souligné les avantages des biocarburants issus du jatropha : "c'est un arbre non comestible aussi bien pour les humains que pour les animaux, qui pousse dans le sable du désert et est irrigué grâce aux eaux usées, ce qui en fait une source unique de biocarburants."
La région Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA) offre un potentiel considérable pour la production d'énergie à partir de biomasse. Traditionnellement, l'utilisation de la biomasse est répandue dans les zones rurales de cette région afin de produire une énergie à usage domestique. Il a été récemment estimé que la région euro-méditerranéenne pourrait bénéficier d'environ 400TWh d'énergie biomasse par an. En plus des cultures énergétiques telles que le jatropha, particulièrement adaptées à l'exploitation commerciale, la région bénéficie de ressources importantes en biomasse sous la forme de déchets urbains solides, de résidus de récolte et de déchets agro-industriels. La mise en place de technologies avancées de conversion de la biomasse comme moyen d'éliminer en toute sécurité les déchets urbains solides et liquides offre également une alternative intéressante permettant de générer chauffage, électricité et carburants.
Les forts taux de croissance de la population, d'urbanisation et d'expansion économique dans la région poussent à la production de ressources de biomasse. Les premiers pays producteurs de biomasse dans la région sont l'Égypte, l'Algérie, le Yémen, l'Irak, la Syrie et la Jordanie. Il est estimé que les déchets municipaux représentent plus de 150 millions de tonnes par an. La quantité de boues d'épuration produites augmente également de 25 % par an. L'industrie agroalimentaire, tout particulièrement les usines de transformation du lait et de l'huile, produisent des quantités toujours plus importantes de produits dérivés biologiques. De grandes quantités de résidus de récolte ne sont pas suffisamment mises à profit et pourraient être transformées afin de produire électricité et chauffage dans les zones rurales. Le fumier animal provenant du secteur du bétail, tout particulièrement des moutons, chèvres et chameaux, fournit une source de biogaz à fort potentiel.