La technologie de dessalement utilisant les énergies renouvelables est-elle arrivée à maturité dans la région MENA ?
Une nouvelle grande usine, alimentée par l'énergie solaire et transformant l'eau de mer en eau potable, est en construction au Maroc. Cet été, la construction de la plus grande usine de dessalement d'eau de merau monde, alimentée par l'énergie renouvelable, a reçu le feu vert. Ce projet permettra de produire 275 000 m3 d'eau de mer dessalée par jour et ainsi de fournir 150 000 m3 d'eau potable, ainsi que 125 000 m3 pour irriguer 13 600 hectares de terres agricoles près d'Agadir, une ville côtière dans l'ouest du Maroc. L'électricité alimentant cette usine proviendra de câbles haute tension reliés à l'usine d'énergie solaire de Noor Ouarzazate, à environ 400 kilomètres à l'est d'Agadir. Un calcul rapide démontre qu'il faudrait près de 104 000 usines de la taille de celle construite à Agadir pour fournir de l'eau potable à l'ensemble de la population mondiale.
Accroitre la provision d'eau potable grâce aux technologies de dessalement. Il existe à présent près de 21 000 grandes usines de dessalement en opération dans le monde, la plupart d'entre elles situées au Moyen Orient. Dans la nouvelle usine marocaine, le processus de dessalement sera alimenté par des réseaux de miroirs concentrant la lumière du soleil. Or, les grandes usines de dessalement dans les pays riches en pétrole comme l'Arabie Saoudite utilisent principalement un produit dérivé, la chaleur perdue générée dans les centrales thermiques alimentées au fioul, l'apport énergétique ne coûtant ainsi rien. Le Qatar, un pays riche en gaz, a construit un certain nombre d'usines de dessalement thermiques alimentées au gaz et a notamment achevé début 2017 la construction d'une importante usine de dessalement d'eau de mer à Ras Abu Fontas, suffisamment grande pour fournir de l'eau à un million d'habitants de sa capitale, Doha.
Soutenir les usines de dessalement alimentées par l'énergie renouvelable. La région Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA) est l'une des régions les plus pauvres en eau au monde, comme l'indique le rapport de la Banque mondiale “Au-delà des pénuries : la sécurité en eau au Moyen Orient et en Afrique du Nord”, publié au cours de la Semaine mondiale de l'eauqui s'est tenue à Stockholm, en Suède, du 27 au 28 aout. La quantité d'eau renouvelable disponible chaque année dans la région est estimée à 1 274 m3 par personne, bien en dessous du seuil minimum de 1 700 m3 que l'on considère suffisant pour répondre aux besoins essentiels de la population. Jusqu'à récemment, la technologie de dessalement renouvelable était limitée et ne s'appliquait qu'à de petites capacités dans des endroits reculés. Désormais, des usines comme celle d'Agadir, au Maroc, ainsi que d'autres grandes usines de dessalement à énergie solaire prévues ailleurs dans la région, pourraient ouvrir de nouvelles perspectives avec l'évolution de la technologie de dessalement par énergie renouvelable et, ainsi, de ses avantages.
Documents ressources : Dessalement de l'eau de mer grâce à l'énergie solaire dans la région MENA | Note technologique d'IRENA : Dessalement de l'eau grâce à l'énergie renouvelable | Au-delà des pénuries : la sécurité en eau au Moyen Orient et en Afrique du Nord | La crise de l'eau s'aggrave en Afrique du Nord et au Moyen Orient | La Banque mondiale appelle à s'attaquer au problème de la rareté de l'eau dans la région MENA