La première usine de captage, d’utilisation et de stockage de carbone de la région MENA
La première centrale de captage, d’utilisation et de stockage de carbone (CUSC) d’échelle commerciale de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) est désormais opérationnelle.Le projet développé à Abou Dhabi vise à piéger jusqu’à 800 000 tonnes métriques de dioxyde de carbone par an. Il s’agit de l’une des 22 centrales CUSC à grande échelle seulement, opérationnelles ou en construction, dans le monde. L’usine exploite le CO₂ émis par des aciéries et l’injecte en substitution du gaz riche dans les réservoirs de pétrole des Emirats pour augmenter leur production. La technologie fonctionne en trois étapes : le dioxyde de carbone est d’abord capté sur site dans le complexe industriel d’Emirates Steel, puis il est compressé et déshydraté ; l’étape finale consiste à transporter le CO₂ dans un gazoduc souterrain de 43 kilomètres pour une récupération améliorée de pétrole par injection dans deux champs pétrolifères terrestres.
Au cours des cinq dernières années, des développements extrêmement positifs ont été annoncés en matière de projets mondiaux de captage de carbone. Toutefois, on reste très loin de la quantité de dioxyde de carbone qu’il faudrait retirer de l’atmosphère. L’Institut International de Captage et de Stockage du Carbone (GCCS) a récemment mis en avant le fait que, bien que figurant dans la liste des technologies clés nécessaires pour réduire les émissions du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), le rythme de développement du CSC reste lent. Alex Zapantis, de l’Agence Internationale de l’Energie, a déclaré : « Pour que le CSC joue son rôle dans l’objectif des deux degrés fixé à Paris, la quantité de dioxyde de carbone capté devra atteindre environ 4000 tonnes par an d’ici 2040 ». Le rythme de captage devra donc être multiplié par un facteur 100 environ au cours des deux prochaines décennies.
L’industrialisation rapide, à laquelle vient s’ajouter l’augmentation de la pollution, devrait soutenir le marché du CSC. Selon le Rapport de recherche sur le marché du captage et du stockage de carbone, le marché mondial du CSC devrait croître au rythme de 9,18 % TCAC (taux de croissance annuelle composé) au cours de la période 2017-2021. En termes monétaires, le marché mondial pèsera, selon les estimations, plus de 15 milliards de dollars en 2023, avec une croissance annuelle prévisionnelle d’environ 25% de 2016 à 2023. Le rapport 2016 du GCCS montre que le soutien continu et proactif des gouvernements de nombreux pays est au cœur du succès du CSC et de la possibilité d’atteindre les objectifs climatiques fixés à Paris. Les gouvernements du monde entier doivent promouvoir le CSC par le biais de politiques publiques en matière de subventions, de réduction des émissions et de tarification du carbone, de la même façon qu’ils soutiennent déjà les énergies renouvelables.
L’état du CSC dans le monde : Résumé du rapport 2016 | Rapport du GIEC sur le captage et le stockage du dioxyde de carbone